Recente studies van het verband tussen bevolking en planetaire grenzen stellen dat, in tegenstelling tot de populaire mythe, de grootte van de bevolking niet de belangrijkste reden is waarom de mensheid de planetaire grenzen overschrijdt. De belangrijkste oorzaak is veeleer de consumptie van de rijkste tien procent, het cohort met de grootste materiële voetafdruk. Mochten de middelen eerlijker verdeeld zijn, dan zou de huidige wereldbevolking nu al kunnen genieten van omstandigheden die duidelijk boven het VN-minimum liggen, en dit zonder de ontwikkelingstendensen drastisch te moeten wijzigen.
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Recent studies of the relationship between population and planetary boundaries argue that, contrary to popular myth, population size is not the main reason why humanity is crossing planetary boundaries. Rather, the main cause is the consumption of the richest ten per cent, the cohort with the largest material footprint. Were resources to be more equitably distributed, today’s global population could already enjoy conditions significantly above the UN minimum, and this without having to drastically change development trends.
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Thomas Malthus a suscité un vif débat au dix-neuvième siècle. Le piège malthusien soutient que, à mesure que la population augmente, le monde ne pourrait pas soutenir la production agricole pour nourrir une population croissante. À la base était la théorie selon laquelle les populations croissent d’une manière qui dépasse significativement le développement de terres adéquates pour les cultures. En outre, le piège malthusien stipule que l’augmentation du revenu par habitant due au progrès technologique est perdue en raison de l’augmentation de la population.
Selon Malthus, lorsque la croissance de la population dépasse l’offre alimentaire, il en résulte une crise. Dans cette crise, qui est qualifiée de crise malthusienne, surviennent la famine, les maladies et la faible résistance aux maladies. Elle ralentit la croissance de la population [Olivier 2023].
Paul et Anne Ehrlich ont jeté d’huile sur le feu. Les arguments de Malthus étaient toujours valables dans les années 1960, lorsque Paul Ehrlich a fait une entrée surprenante sur la scène internationale avec la publication de son livre de 1968, The Population Bomb, qui mettait en garde contre le fait que les ressources de la Terre ne pourraient pas supporter indéfiniment la population croissante de la planète. Dans une nouvelle publication de 1990, The Population Explosion, les Ehrlich indiquent, de manière claire et concise, les mesures immédiates à prendre pour réduire la menace de ruine et commencer à construire un monde plus pacifique, plus sain et plus sûr.
En 1975, la population mondiale avait doublé pour atteindre quatre milliards d’habitants en moins de 50 ans. Elle vient de doubler à nouveau pour atteindre huit milliards en novembre dernier. Cela soulève la question suivante. Doublera-t-elle encore pour atteindre 16 milliards d’habitants ? La réponse est un non catégorique [Callegari & Stoknes 2023]. La population mondiale ne s’approchera pas de ce niveau. En fait, nous pouvons constater un changement de paradigme démographique au cours des 50 dernières années. La croissance démographique ‒ c’est-à-dire la différence entre l’effectif d’une population à la fin et au début d’un an ‒ a atteint son maximum dans les années 1960 et n’a cessé de diminuer depuis. Partout dans le monde, les femmes choisissent d’avoir moins d’enfants et de plus, le taux de fécondité moyen mondial a diminué. Il est aujourd’hui légèrement supérieur à deux enfants par femme.
Derrière ce chiffre se cachent bien sûr d’importantes différences géographiques. Le nombre d’enfants par femme est inférieur à deux dans des pays comme l’Allemagne et le Japon, mais beaucoup plus élevé dans la plupart des pays à faible revenu. Les Nations unies estiment que la population mondiale pourrait culminer à 10 ou 11 milliards d’habitants au cours de ce siècle, avant de décliner lentement [United Nations 2022]. C’est toujours un nombre considérable de bouches à nourrir, mais on est encore loin des 16 milliards !
Comparaison de cinq scénarios démographiques à l’horizon 2100 (United Nations, Wittgenstein, Lancet, Earth4All – Too Little Too Late, Earth4All – Giant Leap) – Callegari & Stoknes [2023].
En outre, Callegari & Stoknes [2023] concluent que la population mondiale pourrait culminer à un niveau d’environ neuf milliards de terriens d’ici le milieu du siècle. Les projections de ces auteurs sont issues d’un nouveau modèle de dynamique des systèmes, Earth4All, qui leur a permis d’examiner deux scénarios économiques et démographiques pour ce siècle. Dans le premier scénario, l’économie mondiale suit une trajectoire similaire à celle des cinquante dernières années, de nombreux pays parmi les plus pauvres finissent par se libérer de l’extrême pauvreté et la population mondiale culmine à 8,8 milliards au milieu du siècle, avant de redescendre à 7,3 milliards en 2100. Dans le second scénario, la population mondiale culmine à 8,5 milliards vers 2040 et tombe à seulement 6 milliards d’ici la fin du siècle. Ce scenario-ci nécessiterait des investissements sans précédent dans la réduction de la pauvreté et le capital humain, ainsi que des changements politiques exceptionnels en matière de sécurité alimentaire et énergétique et d’égalité entre les hommes et les femmes.
Les projections démographiques classiques peinent souvent à établir un lien entre la croissance démographique et le développement économique. Pourtant, il est connu que le développement économique rapide dans les pays à faible revenu a un impact considérable sur les taux de fécondité : ils diminuent à mesure que les filles accèdent à l’éducation et que les femmes deviennent plus autonomes sur le plan économique en accédant à un emploi rémunéré, à de meilleurs soins de santé et à des méthodes de planification familiale. En intégrant ces facteurs dans les projections, la croissance démographique s’est significativement ralentie.
Ces conclusions s’accompagnent d’une mise en garde importante. Si le désamorçage de la bombe démographique est nécessaire pour réduire le risque d’un futur effondrement de la civilisation, il n’est pas suffisant en soi. C’est en étudiant le lien entre la population et les limites planétaires, que Callegari & Stoknes [2023] constatent que, contrairement au mythe populaire, la taille de la population n’est pas la raison principale pour laquelle l’humanité franchit les limites planétaires [Rockström et al. 2021]. La cause principale est plutôt la consommation des dix pour cent les plus riches, la cohorte qui a une empreinte matérielle extrêmement importante. Le grand problème de l’humanité est la consommation de carbone de luxe et l’épuisement de la biosphère, et non la taille de la population. Les pays qui connaissent la croissance démographique la plus rapide ont une empreinte écologique par personne extrêmement faible, par rapport aux pays qui ont atteint leur pic de population il y a quelques décennies. Si les ressources étaient réparties plus équitablement, la population mondiale actuelle jouirait déjà de conditions de vie supérieures au niveau minimum fixé par les Nations unies, sans qu’il soit nécessaire de modifier radicalement les tendances du développement.
Soyons possibilistes ! Grâce à des changements économiques systématiques, nous pouvons encore offrir à chacun une bonne vie dans les limites de la planète. Espérons que les décideurs politiques réexaminent les conséquences des modes de consommation et donnent la priorité à une répartition équitable plutôt qu’à la seule croissance économique. The only proven method for curbing population growth is to eradicate extreme poverty ; la seule méthode éprouvée pour freiner la croissance démographique est d’éradiquer l’extrême pauvreté [Rosling 2019] !
Callegari & Stoknes [2023]. People and Planet: 21st century sustainable population scenarios and possible living standards within planetary boundaries, Earth4All, March 2023, version 1.0, pp. 97
Olivier [2023]. Quel Est Le Piège Malthusien, https://fr.ripleybelieves.com/what-is-malthusian-trap-2602
Rockström et al. [2021]. Identifying a safe andjust corridor for people and the planet, Earth’s Future 9, e2020EF001866
Rosling [2019]. Factfulness – Penser clairement ça s’apprend (Factfulness – Ten Reasons We’re Wrong About the World and Why Things Are Better Than You Think, 2018), Flammarion, pp. 400
United Nations [2022]. https://www.un.org/development/desa/pd/sites/www.un.org.development.desa.pd/