Les nouvelles chaînes de Promothée – Ethique des Progrès, MeMograMes – Les éditions de la MéMoire

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L’histoire nous parle de Prométhée ou de Gilgamesh voulant être l’égal des dieux et recherchant l’immortalité. Dès lors, pourquoi ne pas nous réjouir des progrès de la science, des progrès dans la connaissance de la vie et de la vie humaine en particulier, des progrès dans la compréhension du monde ? L’accélération actuelle des progrès dans de multiples domaines serait-elle le signe d’une quelconque apocalypse pronostiquée avec fracas ? Chaque découverte est un défi. Chaque nouveauté peut engendrer des craintes. Chaque innovation en appelle à une prise de responsabilité. Cela a toujours été. Alors, où est aujourd’hui la différence ? Sans doute dans l’accélération des développements technologiques qui, même s’ils sont source de progrès et de liberté, interrogent l’essence même de ce qu’est l’être humain. Mais à une condition, celle-ci : à mesure que la technique permet à l’être humain de transformer la nature, jusqu’à s’en émanciper, le développement de la technologie ne peut à son tour asservir l’être humain. Ces quelques réflexions éthiques nous conduisent à (re)penser l’humain et à (ré)inventer l’humanisme. Elles suggèrent aussi une sorte de boucle : le progrès des sciences favorise une plus grande liberté reconnue et accordée aux êtres humains, à condition qu’une éthique en supervise l’intention, celle d’inscrire ou de réinscrire l’humain dans la perspective ouverte par le progrès lui-même.

 

Voici un extrait de ma contribution « Peur, incertitude et doute » :

… L’entreprise, la multinationale, peut-elle envisager de mentir aux consommateurs ? L’entreprise peut-elle présenter de fausses indications et dissimuler les informations pertinentes : peut-elle confirmer l’innocuité du tabac, du glyphosate, des denrées sucrées, des plastiques à base de BPA et autres matières premières, et …, et … ? On voit bien que dans une société où tout le monde agirait de même, la notion de promesse perdrait son sens. En plus, si chacun ment, c’est la possibilité même d’un échange fiable d’informations qui est détruite. En cela, mentir est immoral.

L’éthique est loin d’être une adoration irréfléchie et servile des règles. La question fondamentale de l’éthique n’est pas « que dois-je faire ? », mais « quel genre de personne dois-je être ? ». Pour l’industrie alimentaire, la question est : « Quelle image aimons-nous pour nous-mêmes et pour notre entreprise ? ».

Conçu de cette manière, l’éthique (alimentaire) doit être basée sur les principes du libre examen, les principes d’une action résumée dans la formule « douter, se décider et convaincre ». Celle-ci postule la souveraineté de la recherche de la vérité et de la raison humaine…